Description

Le château de Nesles est un des plus parfaits exemples subsistant en France de l'architecture militaire des temps de Philippe Auguste (fin XIIe-début XIIIe siècle), dite "Philippienne".

 

C'est une réplique presque exacte du château royal de Dourdan (Essonne), dernière forteresse bâtie par le monarque vers 1220.

 

C'est cette même architecture qui sert aujourd'hui de modèle au chantier de GUEDELON (Yonne).

 

 

 

Extérieur

 

Le château était entièrement entouré de douves en eau de 30 mètres de large (dont une partie subsiste) ; on y accédait par un pont de bois terminé par un pont-levis.

Une basse-cour ("bayle") précédait les douves, entourée de murs et flanquée d'une ou plusieurs tours de défense (1 tour d'angle a subsisté jusqu'en 1934) 

 

 

Enceinte

 

Elle forme un carré presque parfait de 69 mètres de côté flanqué de huit tours : une à chaque angle (hormis l'angle nord-est occupé par le donjon), une au milieu de chaque courtine et deux protégeant l'entrée.

Les courtines ont 2,65 mètres d'épaisseur et une hauteur d'environ 8 mètres : crénelées, elles supportaient le chemin de ronde.

 

Tours

 

Au nombre de huit, elles sont toutes de dimension identique avec un diamètre de 10,25 mètres. Leurs murs font 3 mètres d'épaisseur et sont percées de meutrières - simples fentes à l'origine, puis élargies en cannonières au XVe siècle.

Trois des tours sont dotées d'un escalier rampant dans l'épaisseur du mur, permettant d'accèder à l'étage aujourd'hui disparu : les tours étaient reliées entre elles au niveau du 1er étage par le chemin de ronde.

Les salles en rez-de-chaussée sont voutées sur ogive.

 

Donjon (ou "tour maîtresse")

 

D'une dimension exceptionnel, il occupe l'angle nord-est, mais séparé de l'enceinte, relié à celle-ci par une simple passerelle. Cette position surprenante répond au concept philippien que l'on retrouve déjà au Louvre en 1190 (là le donjon est isolé de l'enceinte, mais au milieu de la cour) : c'est le symbole du pouvoir autonome en même temps que le dernier réduit imprenable.

Sa hauteur d'origine était d'environ 30 mètres (aujourd'hui 23,50 mètres), il était surmonté d'une toiture et probablement crénelé.

Ses murs ont près de 5 mètres d'épaisseur, avec 55 mètres de circonférence et 17,50 mètres de diamètre intérieur.

La magnifique salle du rez-de-chaussée, voutée sur ogives à 9,80 mètres de hauteur sous clef, comprend un puits.

Celle du 1er étage, de même dimension, comprend une cheminée et un four à pain.

Le 2ème étage aujourd'hui découvert comprenait une 3ème salle sous charpente.

Le donjon de Nesles surpasse en dimension et en qualité de construction la plupart des donjons philippiens (Coucy mis à part, construit quelques années plus tard), et son état de conservation est exceptionnel.

 

Bâtiments intérieurs

 

Les bâtiments d'origine ont entièrement disparus (logis seigneurial, bâtiments de garnison, chapelle ?).

A la fin du XVème siècle, le logis seigneurial fut reconstruit par la famille de Louvain dans le goût de la renaissance : il n'en reste aujourd'hui que le rez-de-chaussée, très restauré. Sa jolie façade en brique et pierre, avec fenêtres et porte à moulurations gothiques, comprenait une tourelle polygonale abritant un escalier à vis pour accèder à l'étage. Elle vient égayer l'austérité des lieux.